Blason de la commune de Matha

Commune de

Matha

Blason de la commune de Matha

Commune de

Matha

Le château de Matha

Photo de la vue du château par l'arrière

Le nom Matha trouve ses racines dans un mot pré-gaulois qui se traduit par le mot "broussailles".

Dès le premier siècle, la région, traversée par les voies romaines, était couverte de forêts giboyeuses. Après le départ des Romains, les Goths s’installent pour quelques décennies dans la région de Mathae. Matha est située sur les routes d’envahisseurs venant du Nord et du Sud.

Les Goths sont chassés par les Francs qui occupent Saintes, vers 508. Clovis unifie la Gaule franque et se convertit au christiannisme ; Matha devient alors un centre de diffusion de cette religion.

Charlemagne, devenu roi des Francs, est sacré empereur en l'an 800. Vulgrin Ier, comte d’Angoulême, fait bâtir en 866 un château pour réprimer les raids des Normands contre lesquels il fut en guerre toute sa vie.

En 1130, la maison de Chabannes se substitue à la première branche de la maison d'Angoulême. Elle a pour origine le mariage d'Amélie, héritière des seigneuries de Chabanais et de Confolens avec Guillaume de Matha. Une décennie plus tard, la seconde branche fut fondée par un fils du second lit de Wulgrin Taillefer II, comte d’Angoulême, qui donna à son second fils nommé Foulques, la terre et baronnie de Mathas, à titre d’apanage (partie du domaine donnée à un second fils).

 

En l'an 1200, Isabelle Taillefer (comtesse d’Angoulême, gravure ci-contre) est fiancée à 14 ans à Hugues de Lusignan. Le jour des noces, Jean sans Terre, roi d’Angleterre, est ébloui par la beauté d’Isabelle. Il l’enlève et se marie avec elle. Condamné pour forfaiture, ses biens reviennent au Roi de France, Philippe-Auguste. En 1216, Jean sans Terre meurt. Son fils, Henri III monte sur le trône et sa mère Isabelle Taillefer revient en France. Une décennie plus tard, elle épouse son ancien fiancé Hugues de Lusignan. Elle donne Matha à son fils Henri III roi d’Angleterre. Le château, forteresse importante, appartenait à Foulques II de Matha, descendant des comtes d’Angoulême et leur vassal.

En 1242, sous l’influence d’Isabelle Taillefer, son fils Henri III d’Angleterre et son mari Hugues de Lusignan organisent un front commun contre le roi de France Louis IX, futur Saint Louis. En juin, il arrive devant Matha, et emporte de vive force le donjon défendu par Robert de Montbron. Louis IX fait raser le donjon du château et déclare Matha « bourg-franc ». Celui-ci contenait, selon l’usage, le « Trésor » de la maison, c’est-à-dire les archives, qui ont été ensevelies dans les décombres. Le mois suivant, le roi de France triomphe à Taillebourg de la coalition conduite par Henri III qui a débarqué à Royan.

 

Pendant la Guerre de Cent Ans, Matha est tantôt aux mains des Français, tantôt entre celles des Anglais.

Le seigneur de Matha, vicomte d'Aulnay, fait construire le nouveau château au XVème siècle. Il était situé sur une « motte », près de la rivière, c’est à cet emplacement que nous voyons aujourd’hui les deux tours. Le château n’est plus une forteresse médiévale : c’est une résidence, c'est-à-dire un grand corps de logis avec plusieurs appartements, comprenant la salle du « trésor », deux bâtiments (un à l’ouest, l’autre au sud pour les cuisines), des bâtiments contigus avec des toits de protections pour les animaux (bovins, ovins, chevaux et volailles) et l’ensemble est entouré de jardins potagers et d’ornements. Une chapelle avec tribune et une prison sont aussi répertoriées. Il est construit sur la butte que l’on peut voir encore aujourd’hui, le dos tourné à la rivière.

portrait de Jacquette de Montbron

Héritière de Matha, Jacquette de Montbron (dessin ci-contre) épouse le vicomte et baron André de Bourdeille en 1558. Elle fera édifier un pavillon de style renaissance, accolé au nouveau château presque 150 ans après. La nouvelle tour est utilisée pour dormir. Au 1er étage, la chambre de monsieur le Comte, puis au dessus, deux autres chambres et un grenier. Jacquette de Montbron, architecte de plusieurs châteaux, sculptrice et femme de lettres, avait été au service de Catherine de Médicis comme l'une de ses dames à la cour de France.

Le vicomte de Bourdeille meurt en 1582 dans son château des suites d'une chute de cheval survenue six ans auparavant. Son épouse, qui lui était passionnément attachée, fit embaumer son corps qu'elle conserva pieusement pendant plus de six mois. Au mois d'août suivant seulement, elle ordonna ses funérailles « avec beaucoup de magnificence ».

L'année suivante, le château est entre les mains des catholiques. Le prince Henri de Condé (1552 - 1588), chef du parti prostestant, s'en empare. De là, il va conduire la guerre de religion en Saintonge. Le château de Matha est tour à tour tenu par les catholiques puis les protestants.

Marie de Médicis habite le château pendant le siège par Louis XIII de Saint-Jean-d'Angély (ville huguenote) en 1621. Le roi élève la baronnie de Matha au titre de comté. Louis XIV donna l’ordre de saisir, en 1649, les terres de Charles de Bourdeilles, comte de Matha, un des chefs de troupe de la Fronde (révolte des nobles du Parlement de Paris au début du règne de Louis XIV).

Henri-Joseph de Bourdeilles vend le comté de Matha en 1778 à René-François-Melchior Begeon de Saint-Même.

Begeon de Saint-Même émigre et le château est vendu le 30 janvier 1795, comme bien national, pour la somme de 93 100 livres payée en assignats (Saint-Hérie et Marestay formaient autrefois des communes indépendantes).

Par ordonnance royale, Saint-Hérie est réunie à Matha le 6 Mai 1818.

Saint-Hérie, Marestay et Matha vont voter pour un unique maire Jean-Baptiste Lauvard, durant l'année 1819. Au XIXème siècle, un chemin de ronde et une toiture d’ardoises seront rajoutés au château.

Le château est presque en ruine (surtout la partie la plus ancienne) durant les années 1880. Les pierres sont utilisées pour les constructions dans Matha. Seul le pavillon renaissance, couvert de lierres, reste debout. La rivière Antenne a permis la présence de moulins, de six chapeliers et du rouissage du chanvre. La viticulture a toujours été présente à Matha, malgré l’épidémie du phylloxéra qui a détruit le vignoble à la fin du XIXème siècle provoquant une période de grande misère. Le chanvre était la seconde culture. L’élevage et la polyculture se sont développés, avec la création d'une laiterie à Matha, transférée à Surgères au début des années 1980.

Le château est classé Monument Historique le 7 Mars 1952.

Le château est acheté par la commune de Matha le 24 Mars 1961, après avoir connu plusieurs propriétaires.

Aujourd’hui le pavillon restant est une tour carrée de trois étages à cheval sur un vaste porche surbaissé ; elle est flanquée d'une deuxième tour carrée plus petite, qui sert de passage et d’escalier pour atteindre les étages. Les fenêtres sont ornées de frontons semi-circulaires aux deux premiers étages ainsi que des niches qui encadrent ces fenêtres ; ces niches pouvaient recevoir les statues des dieux que l’on voulait honorer ou les statues des propriétaires du château. Les tours sont couronnées de créneaux et de mâchicoulis, surmontées d’un haut comble.

Aujourd'hui, les tours ont été conservées. L’escalier a été refait dans les années 1970. Le troisième niveau a été supprimé, il permettait d’accéder au chemin de ronde. La charpente et la couverture ont été également restaurées, afin de mettre le château hors d’eau. Au premier étage, la cheminée a également été restaurée, mais la plaque du foyer est celle d’avant la Révolution, rachetée par la mairie de Matha, avec les deuxs pattes de griffon (animal fantastique : tête de félin, sur un corps de rapace) symbole de la famille de Bourdeille, dont la devise était : « Nul ne vaincra le vainqueur des griffons » D’après un dessin de Nicolas Moreau (bibliothèque municipale de Saintes, fonds Nicolas Moreau).

Jean-Paul Lanciani
Publié le vendredi 01 janvier 2021